Admiré en son temps, ensuite glorifié, Ludolf Backhuysen est la référence du genre de la marine hollandaise dans la seconde moitié du XVIIe siècle
C’’est l’une des dix tendances les plus marquées de ces dernières années, quand tous les textes évoquent abondamment les « équipes pédagogiques », l’équipe éducative, l’équipe de direction et plus largement, la communauté scolaire en englobant les partenaires de l’école, les parents, les associations, les collectivités, etc. Les plans de formation et les innovations institutionnelles sous-tendent l’émergence d’une compétence collective à faire mieux réussir tous les élèves (le « tous » est important). Cette modalité du travail enseignant est pourtant loin d’être naturelle, compte tenu des routines organisationnelles et de la culture professionnelle héritée. Comment faire pour que le travail en équipe soit plus efficace du point de vue des élèves que le solitaire travail du point de vue de l’enseignant ?
IL EST QUESTION DE LA RÉUSSITE DES ÉLÈVES
Les enquêtes comparatives internationales, Pirls, pour le premier degré, et Pisa, pour le second degré, soulignent l’importance du contexte pédagogique interne aux établissements. Au nombre des facteurs les plus déterminants pour expliquer la réussite en lecture au primaire, on trouve l’expérience du maître, le climat qui règne dans la classe et le soutien parental. Au second degré, c’est le taux d’encadrement, la formation des enseignants, le moral des enseignants et « l’ambiance » de l’établissement qui favorisent la réussite scolaire. La culture de collaboration au sein des établissements est un ingrédient indispensable à la réussite éducative (enquête TALIS, 2018).
Créer une culture de collaboration au collège contribue à améliorer l’apprentissage des élèves car les enseignants unissent leurs efforts, se penchent ensemble sur les difficultés d’apprentissage, sur la conception des leçons et sur les démarches pédagogiques à adopter pour améliorer la performance d’ensemble de leur établissement. Plus encore, dans cette organisation, les enseignants débattent des nouvelles démarches pédagogiques, s’observent mutuellement en classe, révisent les contenus, identifient et résolvent les problèmes posés par l’enseignement des contenus quand c’est nécessaire. À bas bruit, c’est bien la dimension collective du travail qui l’emporte ces dernières années. Comme tout autre professionnel, l’enseignant participe d’un réseau formel et tout aussi informel de relations et de solidarités qui accentue, selon les organisations et les pratiques à l’œuvre, la réussite ou l’échec.
La spécificité de l’éducation réside dans l’invisible coopération pour une part et l’immatérialité des connaissances, d’autre part. Mais les résultats aux tests internationaux nous ramènent à notre niveau ; collectivement, notre organisation n’est pas la meilleure, en tout cas, elle ne convient pas à la moitié de nos élèves. On a donc une première réponse à la question « à quoi sert le travail d’équipe ? » : à devenir meilleurs ensemble pour nos élèves.
L’enquête européenne TALIS en 20181 livre des conclusions plus détaillées et sans grand changement pour l’heure. Les enseignants français expriment un fort sentiment d’efficacité professionnelle, encore davantage s’ils pratiquent les méthodes d’enseignement « actives ». Mais ils ont tendance à exercer leur activité essentiellement de manière individuelle et selon des schémas assez traditionnels. Ils recourent moins que leurs homologues des autres pays au travail en petits groupes (37 % contre 47 % en moyenne), à la mise en place de projets (24 % contre 37 %), à l’utilisation du numérique (22 % contre 27 %). Ils déclarent moins utiliser des méthodes pédagogiques différenciées selon le niveau des élèves (22 % contre 44 % en moyenne). Ils déclarent volontiers discuter des progrès de leurs élèves et échanger du matériel pédagogique avec leurs collègues.
Participer à une action collective de formation professionnelle, utiliser des barèmes communs d’évaluation sont des pratiques en général moins répandues que dans les autres pays. Des pratiques collaboratives, comme observer le travail de leurs pairs ou intervenir en classe à plusieurs, sont encore rares. Deux enseignants sur 10 reçoivent des commentaires de leurs collègues après une observation de leur façon d’enseigner en classe. En Corée, cette proportion atteint 84 %. Dans les autres pays, la moitié des chefs d’établissement au collège indiquent observer fréquemment les cours des enseignants, alors qu’ils sont 8 % à en faire de même en France.
1. TALIS : Teaching and learning international survey, l’enquête en 2018 a porté sur 48 pays ; TALIS s’est intéressée à la formation initiale et au développement professionnel des enseignants, à leurs principes, attitudes et pratiques pédagogiques, à leur évaluation, ainsi qu’au climat scolaire et à la direction des établissements dans lesquels ils travaillent. Elle a également interrogé les enseignants sur leur sentiment d’efficacité personnelle et leur niveau de satisfaction professionnelle. Disponible sur https://www.education.gouv.fr/talis-teaching-and-learning-international-survey-2018-9815
Les enquêtes de terrain sur les pratiques réelles modèrent ce constat et attestent que le métier a évolué sur un certain nombre de ces points précisément. Ce que l’on nomme çà et là « innovation » ou encore « expérimentation » n’est souvent pas autre chose que de l’actualisation des pratiques et des dispositifs à des besoins réels des organisations pour un meilleur service aux élèves1. Ces petits décalages génèrent de la même façon parfois un sentiment de malaise vis-à-vis du prescrit (circulaire du 30 avril 2015) (voir annexes) ou des résistances pour d’autres collègues plus attachés au « statut [enseignant] ».
Ce que le mot équipe veut dire en quelques points
Le terme d’équipe, étymologiquement, vient du vieux scandinave, skip (pour équipage d’un navire, dans sa traversée toujours incertaine vers un port). Par exemple : au collège Louise-Michel, à Clichy-sous-Bois, le travail collectif se cristallise autour de la réorganisation du temps scolaire (ramenant à quarante-cinq minutes des séances initialement prévues sur un créneau d’une heure). Cette modification permet de dégager des temps supplémentaires, répartis en créneaux disciplinaires et créneaux d’étude. Les premiers sont utilisés, en fonction des classes, pour mettre en œuvre des projets transdisciplinaires, des actions culturelles, des ateliers, ou pour la mise en place de groupes de besoins modulés, de séances de remédiation ou de co-interventions. Les seconds sont utilisés pour les devoirs à faire, de la méthodologie ou de l’approfondissement. Enfin, un créneau est réservé pour les actions de prévention et le travail sur l’orientation.
Nous pourrions reconnaître au mot « équipe » certains attributs tels que :
❏ un petit nombre de personnes, gage d’efficacité, avec une géométrie variable selon les tâches, une qualité du lien interpersonnel témoignant d’une acceptation et d’une volonté d’adhésion ;
❏ un engagement personnel dans une communauté d’action ;
❏ une complémentarité ;
❏ une unité mentale et sociale, puis touchant peu à peu l’établissement ;
❏ une intentionnalité commune vers un objectif défini, puis évolutif selon l’ampleur ;
❏ des contraintes acceptées relevant de la tactique, de la coordination, de la discipline ;
❏ une organisation des rôles et une distribution du travail.
✐ Consigne : cochez la ou les cases qui correspondent à votre vécu professionnel immédiat.
Partager des élèves occasionne du travail en équipe
À envisager, en collaboration avec des collègues,
mensuellement ❏ trimestriellement ❏ à l’occasion ❏
Réunion de deux classes dans une classe | oui | non |
– d’élèves de même niveau | ❏ | ❏ |
– d’élèves de niveaux différents | ❏ | ❏ |
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Avec leurs professeurs de même discipline | ❏ | ❏ |
Avec leurs professeurs de disciplines différentes | ❏ | ❏ |
Réunion de toutes les classes de même niveau d’un établissement | ❏ | ❏ |
Réunion de toutes les classes de la même discipline d’un établissement | ❏ | ❏ |
Réunion d’accueil des élèves et des familles en début d’année | ❏ | ❏ |
Réunion des élèves et des familles en fin d’année (pour une exposition par exemple) | ❏ | ❏ |
suite demain °)
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