"Au Commencement", 1916 par Paul Klee. Tout disparaît autour de moi, et les œuvres naissent comme si elles sortaient du néant. Mûrs, les fruits graphiques tombent. Ma main est devenue l'instrument obéissant d'une volonté lointaine." Paul Klee
EXERCICES AUTOUR DE L’ENTAME DU COURS
La relation entre l’enseignant et ses élèves se construit très tôt. Dès le premier contact, certaines choses « allant de soi » coloreront dès cet instant la relation établie. Prenons l’exemple d’un professeur jetant son cartable sur le bureau ; ce geste peut être, selon le cas, signe d’une épreuve de force ou signe de désinvolture, voire d’ennui. Le sens se construit ensemble et 25 paires d’yeux vous contemplent. Déclinons ensemble les différentes manières d’entamer ou de débuter un cours, pour que vous soyez à même de faire un choix raisonné autant que varié.
Dans la plupart des cas, les débuts procèdent de la volonté du professeur de mettre en place, ou mettre en « scène », son cours (contenu et/ ou organisation des activités de la séance). Un cours ne se réduit pas à la transmission, monotone ou rituelle, de connaissances. C’est encore l’organisation d’un lieu de communication entre des personnes (ou des rôles) de statuts différents. Il faut donc une bonne « régie » qui va marquer le début, le ton, le style et le sens d’un cours (ce que d’aucuns appellent sa « théâtralité »). Dans la quasi-totalité des cas, le professeur prend la parole devant la classe qui l’écoute comme un auditoire dans une salle de spectacle. Il a confisqué la parole, quitte à la lui rendre rapidement. Serait-ce la seule façon de faire ? Les signaux procédant d’une attitude de disponibilité vis-à-vis de la classe semblent moins fréquents. Ils pourraient pourtant être davantage utilisés.
Reprenons le cours dans son « ralenti », étape après étape.
L’enseignant, sortant de la salle des professeurs, se remémore naturellement les décisions d’organisation qu’il a pu élaborer au cours de la préparation de son cours. Ensuite, trois comportements sont possibles : il peut choisir d’entrer dans la salle de classe avant ses élèves, avec eux, ou encore après eux.
Avant même d’entrer
S’il lui advient d’entrer avant ses élèves, il lui est possible de prendre quelques dispositions prévues dans sa préparation :
- l’inscription d’un message au tableau ;
- la disposition du mobilier (tables et chaises) soit de façon circulaire, soit suivant les habitudes, en rangées. Il peut aussi tester la disposition en U, en « parlement » anglais ou encore en série de sous-groupes1.
Il lui est aussi loisible de se rendre disponible en accueillant ses élèves, debout dans la classe, dès leur entrée ou bien assis à son bureau pour y saluer chaque élève qui y entre. Il peut aussi les accueillir un à un à l’en- trée, avec un petit mot à quelques-uns ou à tous.
L’enseignant, dans certains cas, peut avoir eu à donner un signal pour que les élèves entrent devant lui en rang et se mettent à leur place, tranquillement (comme souhaité), voire en silence dans certains cas opportuns.
En entrant en cours
Dans le cas où l’enseignant entre après les élèves, il choisit le moment opportun quand il entend que le bruit se réduit, voire s’apaise. Ou bien quand les élèves sont encore bruyants : il peut alors circuler dans la salle de classe, s’attarder auprès de quelques-uns pour échanger quelques mots d’attention, de valorisation ou de contrôle ou au contraire aller directe- ment à son bureau.
De même, quand il entre directement avec les élèves, il peut :
-les précéder ;
-entrer après quelques-uns d’entre eux ;
-ou bien à la fin du groupe.
Chacun de ses choix peut être spontané ou délibéré en fonction des objectifs et du sens que l’enseignant entend donner à sa démarche pour un cours déterminé.
Une fois les élèves et lui-même entrés, il peut fermer la porte ou, mieux, demander à l’un d’entre eux de la fermer ; ou même la laisser ouverte. Pratique assez répandue à présent, dans des établissements difficiles, afin de manifester l’activité et d’exercer une veille sur la périphérie de la classe, manière aussi d’accueillir.
Bien entendu, il est possible qu’il y ait des retardataires. Le professeur peut alors :
s’abstenir de faire une remarque ;
ou bien au contraire leur demander une raison ;
ou encore les envoyer chez le CPE dans la mesure où il pense que cela sera positif pour les élèves concernés, selon les mesures du règlement intérieur si cela est le cas.
Le traditionnel « appel » de la présence des élèves peut être fait par l’enseignant ou bien par un élève à tour de rôle.
Le professeur a la possibilité d’inviter un peu avant quelques élèves, voire un collègue ou une personne de l’extérieur, pour préparer un élément du travail.
Enfin, dans la classe, le professeur peut observer l’installation des élèves en classe dans le cadre qu’il a choisi parmi les huit dispositions de l’espace du travail proposées pages 93 et 94.
Installer le cadre du travail : variations
Habituellement, l’enseignant expose les objectifs impartis à la classe. Il peut les avoir écrits lui-même au tableau au préalable ou encore les faire écrire par des élèves : afin qu’ils soient clairs, sans monotonie pour la classe et que les élèves aient l’opportunité de les recopier sur leurs cahiers.
Après la présentation des objectifs, l’enseignant peut ou non, suivant ce qu’il a décidé dans sa préparation, demander aux élèves s’ils ont des propositions relatives à ces objectifs comme le fait Ostiane Mathon dans sa classe de CM1 à l’école Saint-Louis à Paris. Voire proposer un mot, une phrase, une idée qui pourra ensuite être étudié dans la classe.
Il peut aussi lui-même rappeler ce qui avait été fait dans un cours précédent ou demander à quelques élèves de le faire. C’est par ailleurs un moment propice pour préciser l’organisation du travail entre les élèves, notamment la répartition en équipes consistant à confier à chacun un rôle au sein de cette dernière ou de l’ensemble de la classe.
Ce post relève d'une mini-série dont les autres épisodes sont ici
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