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Les chastes conseils de la chouette Alias simples conseils pour bien débuter [1]

 

Une chouette[2], érudite près d’Athéna depuis les Grecs, a bien voulu nous faire bénéficier de ses conseils[3]. Elle les jugeait, clignant les yeux, opportuns pour la gouverne d’enseignants débutants, c'est-à-dire de tout enseignant au long de sa carrière, chaque année à nouveau débutant ingénument ; et elle recommandait, en conséquence :

 

« Primo, sachez vous faire ingénieusement confiance pour pouvoir accorder une confiance avertie à vos élèves. Par suite, maîtrisez les soupçons ou les incertitudes à l’égard de vous ou de la classe.  Vos élèves peuvent vous aider puissamment,  si vous prenez tranquillement appui sur leurs potentialités internes de complémentarité et de régulation. Il faut vous redire souvent : « ma classe va m’aider ; inutile de me raidir à l’avance sur des mécanismes de défensivité-agressivité. ».


Et n’oubliez pas :  « Patience dans l’azur », à quoi nous y invitent Paul Valéry puis Hubert Reeves[4] ! Il faut laisser l’impatience et l’anxiété aux centres de formation…ou aux chercheurs universitaires. Et n’oubliez pas l’injonction paradoxale d’André Gide : « Nathanaël, jette mon livre[5]. »

 

« Secundo, il vous convient de vous assurer des représentations que vous entretenez dans votre tête : à l’égard de votre discipline et de la didactique, de la pédagogie et de l’institution, des élèves et de leurs parents, enfin de l’établissement. Il vous faut savoir comprendre les difficultés des élèves, vous acclimater à leurs différences. Croyez-moi, sachez user de l’évaluation pour une positivité des itinéraires individuels et collectifs de vos élèves. Il vous importe de les élever progressivement, engendrant d’incessantes et faciles exigences selon des progressions souples. Gardez-vous de loucher sur les contenus des programmes, mais sachez les situer et les condenser à leur distance d’objectifs accessibles, accommodables. »

 Sur ce, la noble chouette plissa ses yeux, murmurant « Piaget » », puis elle reprit.

 

« Tertio, vous avez besoin de vous  sécuriser par la vue synoptique d’un outillage pratique, de nature à expliciter votre projet d’enseignement et votre volonté d’accompagner l’apprentissage personnel de chaque élève : des listes de quelques objectifs initiaux pour votre discipline et même d’autres disciplines assimilables, des citations marquantes,  des extraits d’ouvrages, quelques plans de cours, des anecdotes et métaphores pouvant illustrer l’enseignement, des instruments variés d’évaluation formative, des procédures multiples d’organisation de la classe (en sous-groupes, en rôles coopératifs…) etc… suivant vos goûts personnels, accroissant les chances de choisir qui vous sont laissées, pour mieux en élaborer à l’égard de chacun de vos élèves.

 

« Quarto, il vous convient de disposer d’un plan indicatif des trois premières semaines suivant toute rentrée ou a fortiori la prise de fonction : comment vous présenter et aider les élèves à coopérer : quels contenus intéressants proposer et dans quelles formes ; quels exercices et quels contrôles stimulants et non déroutants avoir en disponibilité : quels supports (audiovisuels ou métaphoriques) vous disposer à utiliser etc… »


 A ce moment, chuinta-t-elle, hulula-t-elle, en secouant ses plumes, nous ne saurions le dire. Mais elle reprit.

 

 

« Quinto, jurez-vous de considérer toute difficulté (ou crise) qui se présente dans la vie de la classe ou de l’établissement comme une chance de progrès, comme une crise de croissance. Considérez d’avance toute erreur ou inexactitude comme un matériau utile pour une amélioration, une explication, une alerte positive, une mise en train de motivations, sans peur ni sans reproche ! 


Non impedias musicam : n’empêche pas la musique, rappelait Paul Claudel[6]. Et sachez vous reposer dans la satisfaction des justes approximations (en vous gardant du perfectionnisme ou de l’impatience,  cette perversion du projet éducatif), mais aussi sachant vous assurer dans le recours à l’humour, cette lucidité qui tourne en tendresse et vivifie les logiques, humanisant les abstractions. »

 

Avant de nous tourner le dos, la chouette, nous regardant dans les yeux, ajouta : « N’oubliez point que c’est un métier difficile et superbe, mais non le plus ancien. Confiance ! et amitié ! et ingénierie méthodologique avec des cartes de parcours et des provisions de bonne humeur. Consultez aussi les bons sites. Et hybridez en dispositions fécondes des procédures ou idées pédagogiques plurielles. »

 

 Nous nous sommes sentis invité à la sagesse. Tous ces conseils nous paraissaient « chouette ».

 

 La musique du jour




 



Allégories propices à la démarche enseignante

Imageries institutionnelles sur l’éducation

 Intermède méridional : Oui, roulons les R ! …

« Gestes »  de l’enseignement

 Intermède suspensif entre Damoclès et Gribouille

Petit bestiaire de la relation à autrui

 Intermède rogérien, Le dérapage contrôlé

 

Saga psycho-sociologique du « monde » de l’Education

 

 


[1] En hommage à Jean Flory, Simples conseils pour étudier, 1965, Imprimerie des Éditions Spes

[2] Marie-Dominique Davy introduit l’animal ainsi : « On dirait que cet oiseau plonge dans le monde intermédiaire, se tient à l’orée de l’invisible. Peut-être est –il capable d’en déchiffrer les secrets ? » Et plus loin : « La pupille sombre, entourée d’un iris jaune clair ou noir, présente une immobilité émouvante du fait de sa fixité ; La tête sculptée évoque une face un peu hallucinante. (..) Avec un peu d’imagination, il serait possible de la rapprocher d’un daimon. Non pas d’un démon maléfique et perturbateur mais d’un esprit source d’inspiration souverainement bénéfique. » in L’oiseau et sa symbolique, éd. Albin Michel, Paris, 1992

[3] Ibidem : « L’oiseau d’Athéna, à l’époque médiévale, symbolise le méditant et le solitaire. Elle figure pour les chrétiens les dons de l’Esprit saint. Sept dons, allant de la crainte de Dieu à la Sagesse, en passant par l’intelligence, le conseil, la force, la science. la piété. »

[4] Hubert REEVES, Patience dans l’azur, l’évolution cosmique, éd. Seuil, 1988 ; "L'ambition de Hubert Reeves n'est rien moins que de nous conter l'histoire de l'univers depuis le Big Bang jusqu'à aujourd'hui, dans son effarante et admirable complexité, avec l'éclosion de la pensée qui a peu à peu permis que l'univers se réfléchisse et, peut-être, s'éclaircisse dans la constitution de la conscience humaine... Un livre qui devrait figurer au programme de toutes les écoles : nos enfants y apprendraient en même temps à savoir et à aimer." (d’après une critique du journal La Croix). Vous trouverez un résumé organisé et en ligne sur la page http://astrojacky.logidac.com/archives/azur/ 

[5] André Gide, Les nourritures terrestres

[6] en citant l’Ecclésiaste, 32-5. Claudel en a fait sa devise personnelle : l'homme doit trouver et tenir sa partie dans la symphonie que forme l'univers sous l'égide de son Dieu créateur.

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