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L’évaluation efficace, c’est une enquête sur ses pratiques : le dispositif ERO (NZ, épisode 5)

le symbole emblématique du dispositif ERO (et toute leur politique de communication est fondée sur cela) reprend le signe du KORU, la fougère en développement, symbole maori des « nouveaux commencements », omni présent dans la culture quotidienne. Elle offre l’intérêt de communiquer sur la combinatoire et le développement, l’approche systémique, assumée à haut niveau.

Les cadres référentiels étant posés et stabilisés (depuis l’acte d’éducation en 1989), avec des évolutions et des approfondissements (cf. le dispositif Te Kotahitanga), mais sans retour en arrière lié à des voltes-faces politiques, le changement et la recherche d’amélioration de l’efficacité du système éducatif se décline en plusieurs voies, souvent entremêlées ; nous évoquerons ici les voies de l’évaluation globale et systémique, celle de l’organisation locale de l’établissement, celle de l’ergonomie scolaire, mais aussi celle du management et du développement professionnel et enfin celle de la prospective et de l’innovation dirait-on en France.



L’évaluation comme enquête sur ses pratiques : le dispositif ERO[1]

Ko te Tamaiti te P?take o te Kaupapa (The Child – the Heart of the Matter); Kia ora – welcome to the Education Review Office

Telle est la devise et la bannière portée haute dans toutes les publications de ce  bureau pas comme les autres, intitulé ERO pour “Education Review Office”. Sans équivalent dans notre système éducatif français, nous pourrions traduire par « Office de supervision de l’Education ».


ERO passe « en revue »  les écoles et les services d’éducation; et il publie des rapports nationaux portant sur les pratiques d’éducation. Ils sont disponibles sur leur site  https://ero.govt.nz/how-ero-reviews/schoolskura-english-medium/school-evaluation-indicators


entretien avec Gawin Baumberg, responsable du bureau ERO à Hamilton; graphe à l’appui, il explique la « petite révolution » qui est passé de l’inspection de conformité des personnels dans les disciplines  à l’accompagnement global des équipes, fondé sur l’auto-évaluation régulatrice.


Une conduite du changement (le learning) globalisé ; des élèves jusqu’aux établissements, et donc…. l’évaluation

Le système éducatif en Nouvelle-Zélande reste un système national, et avant 1990, bien semblable à notre type d’organisation relativement jacobine ;  Gavin Baumberg a rapidement esquissé deux graphes qui expriment la rupture entre un avant et un après 1989 l’Education Act :  la fonction d’inspection et de contrôle disparait dans un organigramme redessiné depuis donc vingt ans, il y a certes un Ministère de l’Education en charge de la conduite des politiques d’éducation et du nouveau curriculum (équivalent à notre socle commun), mais il existe aussi à rang égal une nouvelle délégation ministérielle, dite ERO, pour « Education Review Office », de même qu’un NZQA pour New Zealand Qualfication Authority (en charge de labellisation des établissements).


ERO prend en charge donc une fonction de régulation et de supervision des établissements en matière de didactique et de pédagogie, en conformité avec le curriculum national (NZC) ;  elle est explicitement dissociée de l’évaluation des personnels, pris en charge au niveau local, dans le cadre même de l’établissement (cela fait l’objet d’un autre article).

The New Zealand Curriculum est fondé sur quelques principes: valeurs, competences clés, aires d’apprentissage et pedagogies efficientes, telles sont les bases de l’enseignement et des apprentissages dans les écoles du pays.


ERO a à évaluer la manière dont les curricula des écoles proposent aux élèves un parcours qui les responsabilise et les pousse à aller plus loin, à s’intégrer et à affirmer l’identité unique de la NZ.

Chaque école détermine son propre curriculum fondé sur le NZC. L’école construit son curriculum en intégrant les caractéristiques propres de son contexte et pour promouvoir la réussite de ses élèves. L’évaluation sera fixée au début de la supervision dans une consultation entre ERO et l’école. L’information collectée par l’auto-évaluation de l’école est le point de départ logique pour mesurer l’efficience du curriculum et de l’enseignement destiné à favoriser les apprentissages des élèves (responsabilisation, progression et réussites)

ERO, les équipes de Review officers

ERO rassemble environ 150 personnels, issus des corps enseignants ou de chefs d’établissement, ou encore d’anciens inspecteurs. Répartis en trois régions (Northern, Central, Southern), divisées elles-mêmes en deux ou trois districts. La cohérence du dispositif est assurée par une formation continuée et durable, fondée sur quelques principes forts et vivaces :

  • Une régulation hebdomadaire des chefs de région et de districts

  • Une formation initiale conçue comme un compagnonnage ; on est d’abord observateur des processus et des procédures, c’est assez progressif et individualisé

  • Le développement d’une ingénierie en un manuel de procédures et des outils rationnalisés ; on peut trouver ici le « Code of Conduct [2]», un Guide déontologique de référence, et chaque membre de ERO dispose d’une Carte d’accréditation qui permet d’ouvrir bien des portes.

  • Une formation de formateurs inscrite le temps même de l’exercice, reconnue comme « développement professionnel », conçue en une analyse des pratiques et en méthode de résolution de problèmes entre pairs.


Principes pour une supervision externe et une auto-évaluation interne[3]

Une clé de la supervision ERO est bien l’approche intégrant supervision externe et auto-évaluation.  En aidant l’école à construire sa compétence à s’auto-évaluer, et en intégrant les éléments d’information de l’auto-évaluation dans ses propres évaluations, le process d’évaluation de ERO permet à l’école d’élaborer un cycle d’évaluation progressif.


La recherche internationale sur les modalités d’évaluation d’école montre que les liens entre évaluations externes et internes sont les plus forts quand :

  • Le focus de l’évaluation externe est mis en discussion avec l’école;

  • Un accord est trouvé autour de la nature et de la qualité des informations portant sur la réussite des élèves;

  • Les critères utilisés dans l’évaluation externe sont diffusés et largement compris.;

  • Il y a une compréhension commune et un accord concernant le processus, l’organisation des relations et la conduite de la supervision;

  • Le process est conçu par les « actionnaires »  comme destiné à encourager l’amélioration du système éducatif;

  • L’évaluation externe se focalise sur la qualité  d’auto-évaluation de chaque école, mais sur sa tendance à l’amélioration et sur son potentiel de changement;

  • L’équipe de supervision est consciente et informée du contexte de l’école et de sa communauté;


L’objet d’étude (review) : les six dimensions d’une école qui réussit

Ko te Tamaiti te P?take o te Kaupapa (The Child – the Heart of the Matter);

une devise mise en exergue de tous leurs travaux; la centration sur les élèves justifie pleinement leur approche méthodologique et toute professionnelle; “une évaluation de haute qualité contribue à une éducation de haut qualité”.


La démarche emprunte à la symbolique maori du KORU, l’arbre-fougère argentée (symbole aussi des All Blacks), signifiant en un tournoiement dynamique et systémique les « nouveaux commencements ». Cette approche complexe définit six dimensions, liées entre elles, participant à la réussite des apprentissages des élèves (learning) au centre du dispositif :

  1. Le « teaching » : l’enseignement à proprement parler

  2. Le « leading and managing » : la conduite et l’organisation

  3. Le « governing » : la gouvernance de l’Ecole

  4. La « School Culture » :  la culture de l’Ecole

  5. Le « Engaging families » : l’association des familles à la vie de l’école

Figure 3: The Six Dimensions of a Successful School

Ainsi, l’école et ERO peut s’appuyer sur ces six dimensions pour analyser l’impact du curriculum de l’école sur l’apprentissage des élèves.

Consultation et discussion

Selon le planning et les attendus fixés dans l’Education Act de 1989, section 61-63B, chaque école est sollicitée pour rendre compte de ses options communes affichées dans la Charte de l’Ecole et dans la construction de son curriculum. Les écoles participent à ce processus pour fournir l’information à ERO.


ERO et l’école décident ensemble de la nécessité de s’entretenir avec des personnels et des groupes (étudiants, parents, communauté maori, équipes de direction, autres groupes) pour élaborer la consultation de la communauté scolaire portant sur le curriculum et l’auto-évaluation.


Forces et aires d’évaluation,  et développement

ERO doit identifier les forces de l’école et les aires de développement et d’analyse.  Là où l’école affiche de bonnes performances, l’attention se porte sur quelques exemples et valide les résultats de l’auto-évaluation ; elle permet d’identifier des bonnes pratiques. Là où il est nécessaire de progresser, ERO travaille avec les écoles pour décider des mesures et pour formuler quelques recommandations pour progresser.


Des performances durables ( Sustainability)

Un des rôles de ERO est de déterminer le caractère durable de la performance de l’école. Pour cette raison, les superviseurs requièrent de l’information sur deux points, d’une part la question « majeure » de l’effectivité du curriculum de l’école, et d’autre part la capacité de l’école d’aborder un cycle d’auto-évaluation.


Dans la plupart des cas, les superviseurs ont à rassembler de l’information en partant des six dimensions pour décider si l’école est en capacité d’accueillir et de continuer les évaluations. Si la supervision identifie des manques dans une des six dimensions d’une école de la réussite, ERO fera porter son attention sur celles-ci.


La question  “majeure”  en évaluation de ERO

Comment dans les faits le curriculum de l’école promeut les apprentissages, l’engagement, les progrès et les réussites ?

C’est la question majeure central dans la figure propose; ERO veut observer ces questions et les critères qui s’appliquent pour évaluer les autres dimensions, voir comment elles se lient les unes aux autres pour contribuer aux apprentissages des étudiants (engagement, progrès et réussites).


ERO’s Evaluation Indicators donne la direction et les modalités d’évaluation de l’engagement, des progrès et des réussites.


La procédure REVIEW de ERO

Dans une petite brochure synthétique, à l’attention des équipes, ERO détaille comment « donner le meilleur de soi-même » et propose un protocole :

  • ERO adresse à l’avance une notice de supervision à l’école

  • L’école décide si elle le veut d’avoir un « Friend of the School » pour la supervision ( voir plus loin)

  • L’école envoie à l’équipe de supervision la documentation requise par ERO

  • Le superviseur coordonnateur et le Conseil d’administration se rencontrent  et conviennent du protocole de la supervision ; en général, un cycle de deux semaines en continu

  • L’équipe de supervision visite l’école, s’entretient avec le Conseil, l’équipe de direction et les élèves. L’équipe analyse la documentation de l’école et observe l’enseignement et les apprentissages ; des panneaux peuvent être affichés dans les lieux publics par dimension ; chacun peut écrire. Des groupes peuvent êtres consultés

  • Un jour par semaine, analyse de la pratique de supervision de ERO

  • L’équipe de supervision  fait un rapport d’étape avec le Conseil. Une synthèse entre ce qui a été écrit, ce qui a été lu et ce qui a été entendu (2ème semaine)

  • Un brouillon de rapport est envoyé au Conseil  vingt jours après la visite de supervision

  • Le conseil dispose de quinze jours pour faire des observations.

  • Le rapport est finalisé ; il sera rendu public deux semaines plus tard.

  • L’école prend des décisions sur la base des conclusions.


A l’épreuve des faits, depuis vingt ans, 80 % des écoles sont visités selon un rythme triennal, 10 % des écoles, souvent les plus performantes sur un rythme quinquennal ; mais 10 % des écoles, celles les plus en difficulté, peuvent être supervisées plus régulièrement.


Dans le long terme, quelques évolutions apparaissent :

  • Le dispositif tend à se concentrer sur les écoles repérées comme étant les plus en difficulté

  • Le cycle de supervision peut s’améliorer en fonction du changement de chef d’établissement ou de Conseil (Board)

  • ERO produit des analyses transversales en croisant les résultats des écoles, destinées à alimenter la réflexion sur le système éducatif, comme par exemple le développement professionnel des enseignants, le management dans les écoles ou encore, lire et écrire à l’Ecole.


Une originalité : « l’ami de l’Ecole »[4]

Le rôle de l’ami de l’Ecole

Avant le début de la supervision, l’école a la possibilité de s’adjoindre un “ami de l’école” pour l’opération.

Le Conseil d’administration a la responsabilité de décider des modalités d’association de l’ami de l’Ecole. L’ami peut être n’importe qui, excepté le chef d’établissement, un membre du conseil ou de l’équipe de direction de l’école.

L’ami représente l’école et ne dispose pas de l’autorité d’un superviseur de ERO.


Compétences requises pour devenir un ami de l’école

L’école choisit son ami selon ses propres critères, qui doivent cependant comprendre:

  • Une bonne connaissance de l’école et des facteurs contextuels qui pèsent sur sa performance

  • La possibilité de représenter les intérêts d’un groupe particulier ou de groupes dans l’école tels que les élèves, les parents ou de la communauté plus largement

  • La capacité d’entretenir des relations constructives avec les membres de la communauté scolaire et de ERO

  • Une expertise dans un domaine spécifique et important dans l’école


Paramètres relatifs à l’ami de l’école
  1. La décision d’inclure un ami de l’école dans la supervision relève du Conseil d’administration

  2. L’école peut choisir une seule personne comme ami.

  3. L’école prend en charge tous les frais relatifs à l’ami de l’école

  4. L’ami est responsable devant le Conseil durant le temps de la supervision

  5. ERO se réserve le droit de donner des informations des superviseurs de manière confidentielle, sans la présence de l’ami.


Organisation des relations entre les partenaires et procédures
Ce que fait ERO,

Donne un guide en ligne au Conseil pour l’assister dans ses choix et le management de l’ami.


Avec l’accord de l’école, il donne à l’ami les possibilités de

  • Préparer les rencontres et interviews dans le cadre de la supervision

  • Voir tous les documents que le conseil souhaite mettre à disposition

  • Participer aux réunions d’équipe de supervision

  • Décide si l’école souhaite avoir un ami impliqué dans la supervision.Sélectionne l’ami.

  • Fournit les instructions nécessaires à l’ami pour remplir son rôle.


Ce que fait l’Ecole

Notifie à ERO la décision d’avoir un ami, des lignes de conduites et des paramètres donnés en conséquence.Se met d’accord avec les calendriers et procédures de ERO pour participer à la supervision.Prend part à tous les aspects de la supervision souhaités par l’école.


Ce que fait l’ami de l’école

Participe aux rencontres et aux discussions de l’équipe de supervision.

Commente le pré-rapport de ERO, par l’intermédiaire du Conseil d’administration, s’il le souhaite.

L’ami de l’école peut trouver les informations utiles dans le livret de ERO: Donner le meilleur de votre supervision ERO (Getting the most out of your ERO review),  disponible sur le www.ero.govt.nz.


 

[1] D’aprés des éléments recueillis en entretien avec Gavin BAUMBERG,  bureau ERO à Hamilton –juillet 2011

[2] All the requirements and undertakings under the State Services Commission’s Statement of Integrity and Conduct and in the Education Review Office Code of Conduct apply to review officers. ERO’s Code of Conduct incorporates the fourelements of the Standards of Integrity and Conduct. WE MUST BE FAIR, IMPARTIAL, RESPONSIBLE AND TRUSTWORTHY. http://www.ero.govt.nz/Review-Process/Expectations-of-Review-Officers

[3] Extrait du guide “Framework for the School Review, juin 2010”


Une série d'épisodes consacré au système d'éducation en NZ


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