D’abord une belle histoire « nationale »: la Garonne est-elle française ?
Oui, comment ose-t-on poser la question dans ce début de XXème siècle, au sortir de notre Grande Guerre, au parfum patriotique, teinté déjà de crise démographique, économique et sociale. Assurément. Pascal , raillant, était là pour nous rassurer: Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées V). La Garonne est définitivement française.
Il eut fallu l’obstination d’un homme du Piémont, initié à l’art de la spéléologie qu’il fonda en même temps, Norbert CASTERET, pour bouleverser à la fois la vérité, nos représentations, le savoir académique. Comment a-t-il fait tout d’un coup ?
« De 1928 à 1931, menant plusieurs explorations de front, Norbert Casteret se livre à une étude détaillée du massif de la Maladeta, en Espagne, où se trouve, il en est très rapidement convaincu, la vraie source de la Garonne. Durant trois ans d’études et d’explorations dans ce massif, à plus de 2000 mètres d’altitude, seulement pénétrable durant les mois d’été, il étaye ses convictions et finit, dans une démonstration éclatante, à l’aide d’une très puissante expérience de coloration à la fluorescéine, par prouver au monde que c’était bien lui qui avait raison: la Garonne, fleuve français, trouve sa source en Espagne. » –
C’est donc en versant un colorant dans un cours d’eau qui allant, s’engouffrant puis résurgent, qu’il donna à voir le fonctionnement encore mystérieux du système hydraulique du cours de la Garonne. Ainsi, le colorant se révéla marqueur et preuve scientifique d’une complexité encore incomprise finalement il y a peu. C’était il y a 70 ans.
Et en éducation, la Garonne existe ?
L’illustre exemple de la fluoresceine peut nous inspirer quelques transpositions dans notre domaine de l’éducation et de la formation. Pourrait-on considérer une « innovation » comme marqueur de notre système éducatif ? Est-ce que par exemple une pratique émergente (et non résurgente ?) observée sur site, telle que le débat à visée philosophique, ou encore l’approche « développement durable », agit tel un marqueur qui peut irriguer (ou non) les cours, parcours et détours de nos écoles, établissements, mais aussi formations, inspections et autres…. ?
Et faire ainsi, à la manière de Casteret, tomber quelques frontières pensées comme barrières infranchissables il y a peu, comme des constructions de l’esprit et non des réalités vivantes toutes éducatives ?
La spéléologie est décidément une belle pratique, avec toutes les mesures de sécurité qui s’imposent, cela va de soi .
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