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Expliquer, c'est explicite, non ?


Des lois de 1989 au socle commun, la place de l’élève a singulièrement évolué dans le système éducatif et entraîne deux conséquences : le guidage par le professeur et l’explicitation des objectifs, des contenus, des apprentissages se renforce sensiblement. Le pari : la pédagogie peut-elle contribuer à réduire les inégalités scolaires ? À quelles conditions guider pour faire réussir les élèves à mieux trouver leur voie ? Deuxième conséquence : des pratiques similaires au premier regard produisent des effets parfois très différents. Le guidage renvoie tout autant à son propre guidage. Enseigner pourtant ne peut se réduire à une série d’actes et de techniques, si sophistiqués soient-ils. Les pratiques pédagogiques emportent toujours des valeurs, variables d’un enseignant à l’autre, mais aussi d’un établissement à l’autre.


 

CE QU’EN DISENT LES ÉLÈVES

Même si les caractéristiques individuelles (le genre et la catégorie socio- économique) tendent à impacter les performances1 (en sciences ici d’après les résultats Pisa 2015), les élèves reçoivent de meilleurs résultats quand ils baignent dans des environnements « propices » à l’apprentissage, c’est-à-dire quand ils bénéficient du respect de leurs pairs aussi de leurs enseignants, et lorsque les cours ne sont pas perturbés. Les élèves parlent de « sentiment plus fort d’appartenance à l’école » lorsqu’ils perçoivent que leurs enseignants les encouragent et les traitent équitable- ment, montrent un intérêt à chaque élève, font du soutien quand ils en ont besoin, leur donnent l’opportunité d’exprimer leurs idées. Ce sentiment d’appartenance a « un double impact positif, sur leurs résultats académiques et aussi sur la satisfaction dans leur vie ».

 

 1 D’après Salinas, D. (2018), "Comment l’école compense-t-elle le désavantage socio-économique ?", PISA à la loupe, n° 76, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/170967ba-fr.

 

L’IMPORTANCE DU GUIDAGE EXPLICITE ET DE LA PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE POUR TOUS LES ÉLÈVES

Les enseignants ont un intérêt manifeste pour prodiguer un soutien à tous les élèves, leur capacité à s’adapter aux besoins et aux difficultés de chacun et fournir une aide individualisée quand un élève a des difficultés de compréhension sur un sujet ou une tâche, lorsqu’ils « explicitent les notions scientifiques » ou encore une « notion abstraite ». Dans le même temps, ils peuvent veiller à l’accès à des ressources variées, à un laboratoire de pointe ou à des équipements qui permettent le développement d’activités pratiques, tout comme à des activités extrascolaires en lien avec les sciences proposées dans l’enceinte de l’école (club, compétitions…) ; tout cela influe sur les résultats et permet de compenser des inégalités socio-économiques, particulièrement dans les zones plus difficiles, selon l’OCDE.

 

Derrière la pédagogie différenciée en tête, le deuxième facteur le plus associé à la performance des élèves est l’enseignement dirigé par l’enseignant, ou modèle transmissif d’enseignement en France.


Deux facteurs ont des impacts particulièrement significatifs dans les écoles défavorisées : la pédagogie différenciée et l’accompagnement des enseignants. Cette combinatoire irrigue l’ensemble du présent ouvrage. On peut (re)découvrir dix stratégies pédagogiques comme une sorte de litanie où rien n’est nouveau en soi, mais c’est la cohérence interne et l’articulation qui font la différence, si elle est de plus travaillée en équipe et accompagnée.

 

 

10 STRATÉGIES POUR UN GUIDAGE EXPLICITE  DES ÉLÈVES

1 D’après Killian S. (2015). 30 Pratical Ways You Can Use These Strategies In The Classroom. Australian Society for Evidence Based Teaching. D’après https://www.evidencebasedteaching.org.au/ 


  1. – Vérifier que chaque cours décrit clairement ce que les élèves doivent apprendre et maîtriser, plutôt en objectifs d’apprentissage qu’en plan de tâches.

  2. – Montrer, en mots et en schémas, le concept puis expliquer en exemples ou contre-exemples, commentés avec et par les élèves, pour s’assurer de la compréhension.

  3. – S’assurer que les élèves ont bien compris les bases de la notion, par sondage individuel ou collectif, oral, gestuel ou matériel (petites cartes, plickers).

  4. – Proposer une vision et des liens graphiques (carte conceptuelle, ligne du temps, cause/effet, cycles, etc.).

  5. – Abuser de la pratique : revenir tous les jours sur le sujet en étude, pré- parer le devoir avant.

  6. – Penser aux rétroactions : les commentaires les plus instructifs sont ceux qualifiant le travail de l’élève et qui lui indiquent ce qu’il doit faire pour l’améliorer ; mentionner un à trois éléments bien réussis ; recommander des ajustements pour améliorer l’écriture.

  7. – Organiser l’apprentissage par les pairs. L’enseignement réciproque, par exemple par quatre : un est en charge de recenser les connaissances antérieures ; un est en charge de répondre aux interrogations de ses pairs ; un doit poser des questions à la fin de chaque étape ; un dernier est en charge de résumer les nouveaux acquis.

  8. – Baliser les petites réussites : tous les élèves doivent maîtriser les étapes de base avant de poursuivre vers une étape suivante ; au terme d’une séquence, on peut offrir des périodes de récupération en classe pour les élèves ayant besoin de plus de soutien pendant que ceux qui disposent des acquis font de l’enrichissement.

  9. – Varier les stratégies d’enseignement en leur montrant les outils les plus efficaces. Tenir compte des connaissances antérieures : habituer les élèves à suivre certaines maximes comme « le travail d’abord », amener les élèves à estimer la réponse attendue, pour ensuite comparer avec l’estimation initiale.

  10. – Préparer le jeune à choisir les meilleures stratégies à utiliser et ajuster ses stratégies lorsqu’elles ne fonctionnent pas : que dois-je faire ? Faire un plan d’action ; s’assurer d’être sur la bonne voie ; ajuster son effort.


CHOISIR SON MODE D’ENSEIGNEMENT EN FONCTION DES EFFETS RECHERCHÉS

 Engager les élèves dans des activités plus efficaces dépend aussi de variables que vous pouvez activer selon les cas. Les implications en termes d’activités- professeur et d’activités-élèves sont différentes suivant les situations mises en place.

 J’ai du mal à sortir du « cours dialogué », pratique mais usant à force, pour les élèves et pour moi.

 

Le tableau ci-dessous présente et analyse quatre situations d’enseignement : l’explication en continu (sorte de cours magistral), la leçon par séquences, la leçon « dialoguée » et le travail sur dossier. On retrouvera la même antienne, à savoir : pas de bon ou de mauvais cas, mais des choix à faire en toute connaissance de cause en termes d’effets et de résultats, et une variété requise des situations .


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