Telérama du 6 juin 2009 nous avait proposé quelques interviews et enquêtes qui semblent réduire l’innovation à la dimension technologique et industrielle; même quand l’article s’attache au monde de l’Education, il est facile et réducteur d’aller vers le « visible », et forcément l’attrait des tice. Faudrait-il rappeler que le nouveau n’est pas innovant, sans jeu de mots facile; que beaucoup d’inventions ne produisent aucune innovation (dixit Bernard Stiegler de l’IRI, Centre Beaubourg).
Il poursuit de la sorte : » . Aujourd’hui, de plus en plus de contributeurs créent une valeur qui ne s’évalue pas sur le marché mais permet aux autres activités économiques de se développer. Cette « pollinisation » doit être rémunérée et mutualisée ».
C’est un peu que ce que le réseau de l’innovation s’attache à rendre visible.
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En guise de complément ou de réponse à Stiegler, je reprendrai bien la conclusion lors d’un séminaire académique à Bordeaux en fin 2008:
c’est une affaire professionnelle collective et que dans tout processus de changement, Il faut faire de la place – au temps (on ne se transforme pas du jour au lendemain !) – à la créativité et à l’intelligence collective (à la hauteur des défis posés par l’accès aux savoirs et par le développement des compétences dans notre société) – à la stratégie (il ne faut pas se lancer à corps perdu dans la première solution venue, il faut savoir « perdre » du temps pour en gagner ensuite, bien analyser la situation de départ, prendre la mesure des ressources et des contraintes, être à la fois ambitieux et réaliste, etc.) – à la prise en compte des différences (on ne peut pas rester entre soi et travailler uniquement avec ceux qui pensent comme nous) – à la confiance (confiance en soi, confiance dans les possibilités de réussite des élèves, confiance dans la capacité d’action des autres acteurs éducatifs) – à la solidarité et à la recherche de cohérence (il est important de pouvoir compter sur chacun ! Il est nécessaire de tisser des liens entre les personnes mais aussi entre les dispositifs et les niveaux d’enseignement) – à l’ouverture (les solutions éducatives sont à la fois scolaires et sociales) – à l’éthique (quand on bouge les points d’ancrage, la référence aux valeurs sociales et professionnelles est vitale)
Il est indispensable de ne pas en faire un enjeu personnel. Il faut à la fois s’engager professionnellement et se protéger personnellement. Il est important d’être vigilant par rapport aux risques de culpabilisation, d’agression et de dévalorisation. C’est pour toutes ces raisons qu’il est important de se situer dans un système en mouvement avec une pluralité d’acteurs ayant tout naturellement des conceptions, des logiques d’action et des postures professionnelles différentes. C’est un système complexe dans lequel il faut apprendre à naviguer de manière professionnelle, avec le plus d’objectivité possible et des outils d’analyse.
Tout cela aide à sortir de la densité humaine des situations singulières, rend possible les débats et crée les conditions pour mieux réfléchir et agir ensemble. C’est probablement une des clés du développement professionnel des acteurs de l’éducation. Et puis surtout, prenez du plaisir à naviguer dans la complexité ! C’est un gage d’efficacité. (si, si).
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